De patiente migraineuse à porte-parole de la communauté de la migraine
Audrey a fini par recevoir un diagnostic approprié, ainsi qu’un plan de traitement qui lui a permis de prendre en charge sa maladie plus efficacement. Elle s’est engagée dans des groupes de soutien aux patients et, fidèle à sa promesse, a fondé la première association bénévole de patients migraineux en Irlande : la Migraine Association of Ireland ou MAI.
Audrey est fière de ce qu’elle a accompli pour venir en aide aux personnes vivant avec la migraine. Mais elle sait que son histoire est unique, et que si elle est passée de patiente migraineuse à porte-parole de la communauté de la migraine, cela ne veut pas dire qu’elle s’est simplement relevée pour passer à autre chose. De nombreuses personnes aux prises avec la migraine voudraient passer à autre chose, mais en sont incapables, et c’est précisément ce qui alimente l’action d’Audrey.
« Quand on a consulté un médecin après l’autre, et que les médicaments ne sont pas efficaces, comment ne pas se décourager? Comment se relever? Je crois que beaucoup de gens n’en sont pas capables et se sentent impuissants, dit-elle. Donc, si vous êtes en mesure de prendre la parole au nom de tous ceux qui, seuls dans une pièce obscure, se sentent si isolés et incapables de défendre leurs propres intérêts – sans parler de ceux des autres – alors, vous le faites. Parfois, en aidant les autres, on s’aide soi-même. »
Trouver l’appui d’une communauté
La migraine a accompagné toute la vie d’Audrey. Enfant, Audrey souffrait de migraine abdominale. Adolescente, elle a commencé à avoir des maux de tête. À la fin de la vingtaine, elle était aux prises avec une migraine sévère et incapacitante. Audrey savait qu’une crise était imminente quand elle se réveillait avec une intense céphalée d’un côté de la tête. Peu après s’installait une douleur foudroyante, à laquelle s’ajoutaient nausées, vomissements, confusion et sensibilité à la lumière et au bruit.
Après la phase initiale de la crise, divers symptômes persistaient pendant plusieurs jours. On appelle « postdrome » la période faisant suite à la résolution de la céphalée. Le postdrome, phase que ne traversent pas tous les patients migraineux, peut avoir un impact aussi lourd que la céphalée elle-même7. « Brouillard cérébral, absence d’énergie – je me sentais complètement lessivée », dit Audrey à propos de ses symptômes postdromiques.
Jusque dans la trentaine, Audrey a vécu avec une migraine d’une violence implacable. Finalement, elle a consulté un spécialiste des céphalées en Angleterre (l’Irlande n’en comptait aucun à l’époque) et a reçu un diagnostic de migraine basilaire, aujourd’hui appelée migraine avec aura du tronc cérébral.
Elle s’est jointe à l’Association britannique de la migraine (BMA), ce qui lui a donné le sentiment d’appartenir à une communauté. Elle a commencé à recevoir par la poste l’infolettre du groupe, laquelle allait devenir sa planche de salut. « J’y ai trouvé un tel réconfort, parce qu’en dépit des crises sévères et de la solitude qui m’affligeaient, je savais que quelque part, il y avait des gens qui me comprenaient, et que les plus grands cerveaux se mettaient au service de la recherche pour tenter d’élucider ce qui m’apparaissait comme un problème insoluble, dit-elle. Je voulais reproduire ce modèle en Irlande, afin d’encourager les gens à persévérer quand un professionnel de la santé leur refusait son appui, à obtenir un diagnostic adéquat et à défendre leurs intérêts pour avoir accès à de nouvelles options thérapeutiques. »